Pony Taylor - Eleven Safety Matches
Label : Superhomard Sortie : 19/10/09 Format : CD Disponible : Partout | Il y a des labels que l'on ne suit qu'à un court moment de sa vie. Il y a dix ans, il y eut donc Rainbow Quartz, label américain à la recherche utopique d'une pop d'obédience 60's parfaite, avec des groupes comme Cotton Mather, The Shazam, Myracle Brah... et même des petits Francais, The Strawberry Smell. Quand sortit en 2002 l'album de ces derniers, je commençais déjà à me désintéresser d'un label qui devenait vite redondant (même s'il distribua aussi des choses un peu différentes comme Fraff) mais j'avais été soufflé par le culot qu'avaient ces petits gars de se confronter si frontalement à la music anglo-saxonne et par la qualité d'un Odorama qui aurait dû les consacrer parmi les meilleurs groupes hexagonaux.
Toutes ces années après, alors que Rainbow Quartz et la plupart de ces groupes existent encore (The Shazam viennent de sortir un nouvel album), The Strawberry Smell n'était plus qu'un souvenir quand je découvre que Eleven Safety Matches, le premier album de Pony Taylor sort sur le label Superhomard. Le nom fait Tilt (c'était autrefois celui du site du groupe) et je me précipite (enfin façon de parler, je tape le nom sur un moteur de recherche) pour en savoir plus et pour écouter ça. Conclusion : Pony Taylor s'est bien formé autour d'anciens membres des Strawberry Smell avec de nouveaux musiciens. Première impression auditive : le groupe a vieilli de 10 ans en même temps que moi. Logique me direz-vous, en 10 ans on vieillit de 10 ans ! Mais je parlais musicalement, vu que les influences 70's ont largement pris le dessus sur les 60's.
Le disque sur la platine, il est (enfin) temps d'en parler et de se débarrasser tout de suite de l'adjectif qui reviendra le plus souvent : retro. Oui la musique de Pony Taylor est fortement influencée par les classiques des 60's et des 70's. Et alors ? Cela a-t-il empêché la critique d'encenser Black Mountain l'an dernier ou Radio Moscow cette année ? Non, ce qui est intéressant c'est qu'en 2002, très peu de groupes français osaient se lancer dans de la pop si british alors que de nos jours, ils n'ont plus peur et on a vu récemment des groupes comme My Raining Stars, Go Go Charlton ou The Chiltons piétiner joyeusement les plates-bandes de leurs collègues d'outre-Manche ou d'outre-Atlantique. Où allait donc se situer ce Eleven Safety Matches ?
Eh bien tout de suite dans le haut du panier (de crabes, bien entendu dans le cas présent). Le temps n'a pas altéré les qualités d'écriture, bien au contraire. Dès l'introduction de 'You Are The Sailor', on est plongé dans une power-pop ultra-accrocheuse, aux refrains imparables et avec un mélange guitare aiguisée - orgue moelleux des plus savoureux. Et encore ce morceau est-il peut-être le moins entraînant de la première partie de l'album. Impossible de ne pas sautiller sur un 'Married To Wigan' et son démoniaque jeu de batterie, de ne pas avoir envie de prendre un manche à balai comme guitare sur 'Garden of Nowhere', de ne pas reprendre en choeur 'I Try To Keep My Secret'... Impossible de penser à un autre album de pop aussi décomplexé et efficace qui serait sorti ces dernières années. Les grands anciens (Beatles, Kinks, Byrds, Small Faces...) seraient sans doute ravis d'avoir de tels successeurs.
Si 'Grown With The Orchids' présentait déjà un tempo un peu plus lent, c'est surtout à partir de 'Reed Richards' que les rythmes décélèrent sérieusement pour flirter dangereusement avec la ballade sur 'An Obsessional Guitar Player'. Malgré de jolies harmonies et quelques beaux passages de guitare, cette deuxième partie de l'album est nettement moins réussie même si elle met plus en valeur le chant, qui rappelle par moment The Clientele. Oh, ça reste du bon, mais après un tel départ en fanfare, on n'avait pas forcément envie de redescendre, même si un peu de répit ne fait pas forcément de mal. Et si les deux derniers titres 'Could We Do The Same Thing' et 'Many Times' sont fort sympathiques, on aurait sans aucun doute préféré finir en feu d'artifice. Pas de quoi émettre des réserves sur un album qui se classe sans problème, non seulement parmi les meilleurs albums francais, mais tout simplement parmi les meilleurs albums tout court de 2009.
lyle
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10:58 | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
Plutôt pas mal. Ils ont presque tout ce qu'il faut, le son, le style, le nom qui claque... manque juste une ou deux chansons de premier ordre et les Hush Puppies n'auront plus qu'à bien se tenir...
Écrit par : Thomas | 28/10/2009
Répondre à ce commentaireAu moins 5 ou 6 chansons sont de tout premier ordre !
Écrit par : lyle | 31/10/2009
Répondre à ce commentaireHa ces Pony Taylor. Ils ont un talent de songwriters insolent, vraiment. J'attends avec impatience la prochaine livraison. En l'état, c'est encore des compos impeccables certes, mais une production encore trop standard à mon goût pour que le groupe se soit trouvé. C'est le problèmequand on rivalise avec des gens commes les Faces, les Kinks, ou les Zombies : impossible de se permettre de rester standard dans le son, quand les chansons sont de cette teneur. Et il manque encore THE single, peut être. Mais quand ceux là vont s'acoquiner avec un faiseur de son... Houlalalalalala. Allez, trouvez le votre George Martin à vous, les gars, vous le méritez. (Non mais imaginez 2 secondes les mêmes morceaux produits par James Murphy de LCD Soundsytem) (c'est un exemple).
Écrit par : Olivier | 05/11/2009
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