Dans le mur... du son !

Label : ATP

Sortie : 12/10/09

Format : CD / LP

Disponible : Partout

Fuck Buttons a dynamité nos oreilles avec un premier album qui a conquis au-delà du public électro habituel.

En février, un remix d'Andy Weatherhall redonnait un nouvel élan à deux titres de cet album inaugural. La version "radio" de 'Colours move' était tout bonnement l'un des meilleurs titres de l'année, puissant, dur, sexy. Décidément Fuck Buttons réalisait la fusion entre Boards of Canada et le metal electro de Bowie. Eclatant.

Après ce coup d'accélérateur, Tarot sport lève le pied. Décevant du même coup tous ceux qui avaient cru percevoir dans le maxi de février l'orientation à venir pour le deuxième album.

Non, Tarot sport n'est pas plus lyrique ni plus sexy que son prédécesseur. Non il n'est pas plus dansant non plus. Et non, clairement, il ne lorgne pas vers Burial qui fait l'amour à son ordinateur sous tranxène.

Alors à quoi ressemble-t-il?

A un défilé haute-couture de robots. La bande son d'un monde cybernétique qui se passe désormais de nous. Dur, puissant, souvent brillant, cet album a pourtant un défaut qui le met en retrait du précédent : il nous laisse trop spectateurs ('Space mountain' manque cruellement de sommets et de bosses). A ses débuts Fuck buttons nous mit dans la carcasse de Ghost in the shell, cyborg à demi-humain, cette chair menacée nous emmenait loin, très loin. Ici le synthétique a remplacé les tissus vivants.

Les fans d'ambiances poisseuses, les passionnés de SF ou d'intelligence artificielle, prendront leur pied. Les autres aimeront en se demandant où Fuck Buttons nous emmène. Si c'est du côté de  'The Lisbon Maru', formidable plongée en apnée dans une Atlantide électrique, on reste disposés à les suivre encore longtemps.

arbobo

"Non mais arrêtez! Lâchez-moi je vous dis! Nooooooon... Hmmmmmmm mmmm"

Ohlala ça commence fort, ces synthés atroces bien stridents en intro, j'en peux déjà plus, et ce n'est que la première minute du premier titre. Ce n'est pas du tout comme ça que c'était prévu au départ ces chroniques croisées : normalement chacun se portait volontaire pour les disques proposés, mais on n'obligeait personne à écouter un truc qui ne lui plaisait pas. Et là ça ne me plaît pas du tout. 'Surf Solar', ouais, c'est le soleil qui fait du surf dans ma tête oui, brûlant une à une les quelques neurones qui me restent, puis mourant dans une bouillie de bruit qui couvre mes cris étouffés de douleur. Après ça, 'Rough Steez' est presque reposant ; certes c'est chiant, de l'électro sans intérêt, mais ça relaxe quand même après le supplice du premier morceau. Me voilà à bord du 'Lisbon Maru' désormais, un navire japonais coulé par les américains pendant la seconde guerre mondiale : ce titre est un naufrage, c'est ce qu'il va dire vous demandez-vous? et non, ça serait trop facile, alors on va dire que j'aime, bonne rythmique, le synthé tout doux dans le fond est agréable. Certes c'est du mille fois déjà entendu chez Animal Collective, mais ce n'est pas un scoop de dire que Fuck Buttons n'est qu'une pâle copie du collectif animalier. Le seul problème c'est qu'ils ne savent pas faire court. Après cinq minutes ça serait un bon morceau, mais là après neuf minutes il est temps que ça se termine quand même hein... Et c'est reparti avec les trucs qui font bien mal à la tête sur 'Olympians'... j'aimerais tant appuyer sur stop... si seulement je pouvais desserrer un peu ce truc là... 11 minutes donc... bizarrement ça fait un peu l'effet inverse du titre précédent : atroce au début, puis juste terriblement ennuyeux au bout de sept/huit minutes, quand le cerveau commence à s'habituer au larsen. Suivant. 'Phantom Limb', ils choisissent bien leurs titres en tout cas, un bon point de ce côté-là. Je n'ai plus de tête, mon cerveau a explosé et pourtant je ressens encore cette douleur fantôme, mon encéphale me fait atrocement mal alors qu'il est éparpillé sur les murs aux quatre coins de la pièce. Même chose pour 'Space Mountain', il porte également bien son nom. Avant d'y monter on s'attend à quelque chose de terrible, qui va vous faire tourner les boyaux dans tous les sens, et en fait c'est assez pépère quand on est dedans. Comme sur 'Lisbon Maru', on voit qu'avec une ligne rythmique claire et des synthés plus doux que stridents, ils peuvent faire des chansons qui tiennent la route (mais moins longs les gars merde!).

Ouf le dernier titre... il était temps... mes oreilles me chauffent, je transpire de partout, mon reste de cervelle est en ébullition, mes liens me serrent... Est-ce une façon de traiter un chroniqueur musical ? Pieds et poings liés sur ma chaise, je suis, tel Alex dans Orange Mecanique, forcé d'écouter Tarot Sport de Fuck Buttons, à un volume déraisonnable de surcroit. Avec un bâillon sur la bouche pour ne pas que mes cris de souffrance puissent couvrir la musique. Libérez- moi! Ah, je sens que les dix minutes inintéressantes au possible de 'Flight Of The Feathered Serpent' s'achèvent...

"Aaaaaahhhhhh... merci... de l'aspirine, vite, une caisse entière... du Sufjan Stevens, du Bon Iver, du folk dépressif bien calme... mais plus jamais ça!"

erwan

N'avez vous jamais rêvé de mondes inconnus, où deux lunes côtoient quatre soleils, où le ciel est orange, le sol bleu, et où les habitants vivent en dansant nus et en prenant d'étranges petites pastilles rouges?

Les Fuck Buttons si. Et ils viennent de mettre tout cela en musique. Cela s'appelle Tarot Sport et c'est leur second album.

Et ce n'est en rien la continuité du précédent (pourtant de très haute volée). Street Horrrsing misait sur du drone à tout va? Tarot Sport invite à une jam imaginaire M83, Animal Collective (forcément) et Black Dice.

Street Horrrsing installait John Cummings (le guitariste de ces furieux de Mogwaï) aux manettes? Tarot Sport convie Andrew Weatherall (Two Lone Swordsmen, c'est - notamment - lui) à la production. Bref du changement, rien que du changement : les Fuck Buttons ne sont pas du genre à s'apesantir sur les lauriers et c'est plutôt une bonne nouvelle.

En 60 minutes (un seul morceau divisé en 7 parties), ils sortent un album venu d'ailleurs (aux titres venus d'un autre temps : 'Surf Solar', 'Flight of the Feathered Serpent', 'Phantom Limb'), aux rythmiques menées tambours battants, aux mélodies synthétisées omniprésentes (oui oui, cet album, quoiqu'on puisse en penser, est blindé de mélodies), aux touches électro - mais sans en être - et à un psychédélisme assumé.

De 'Surf Solar' (longue mélopée aux béats archi-efficaces, assurément un des titres qui marquera cette année 2009) à 'Flight of the Feathered Serpent' (vertigineux morceau de 10 minutes qui conclut l'album) en passant par l'exceptionnel 'The Lisbon Maru' (zone de respiration aguicheuse et smooth, mais pas trop), Fuck Buttons réussit l'exploit de faire encore mieux que sur son premier album.

Après, on peut se poser des questions sur la façon dont fonctionnent leurs neurones, dans quel monde imaginaire ils vivent, et ce qu'ils peuvent prendre au petit déjeuner. On peut. On a aussi la possibilité de partir les rejoindre dans cet univers complètement barré et sacrément addictif.

-Twist-

http://www.myspace.com/fuckbuttons