Dans le mur... du son !

Label : Fantasy Trashcan/True Panther

Sortie : 22/09/09

Format : CD / LP

Disponible : Partout

1993, tout le monde ne jure que par Nirvana au collège, porte la tenue qui va avec (jean's troués, vieilles converses pourries et pulls de camionneur) et affiche les posters sur les murs de sa chambre. Mais ça c'est parce qu'ils ne connaissent pas encore Girls. Je m'en fous je me les garde pour moi de toute façon. Christopher Owens est tout aussi cool que Kurt Cobain, et même plus parce qu'il vient de San Francisco, autrement plus cool que Seattle, tout gris et où il pleut tout le temps, pire qu'en Bretagne il paraît (c'est dire). Girls ils font du rock trop cool mais pourtant le chanteur il a trop souffert avant, le plan secte-vie dans la rue-drogues et tout, pas cool. C'est pour ça que ses chansons sont si belles, touchantes, j'ai tellement l'impression qu'il me parle, à moi et seulement à moi, que je ferme la porte de ma chambre à clé quand j'écoute l'album (Album, si c'est pas cool comme nom d'album ça!). Pour garder ça pour moi, pour que Girls soit mon groupe à moi et à personne d'autre. En plus ça empêche mon père d'entrer dans ma chambre pour gueuler de baisser ma musique de sauvage (il y comprend rien d'abord, lui il écoute que des chanteurs qui sont morts depuis longtemps). Sur les murs de ma chambre j'ai mis les posters avec les filles, une par chanson, elles sont trop belles (et c'est autre chose qu'un bébé tout nu dans une piscine quand même). J'espère qu'ils vont sortir bientôt un nouvel album, j'ai trop hâte d'entendre la suite, en plus j'ai déjà écouté cet album au moins 9274 fois. C'est pas que je m'en lasse mais je voudrais vraiment découvrir d'autres morceaux.

2009, tout le monde ne jure pas que par Girls. Parce que les temps ont changé, qu'une hype en chasse une autre, et qu'avec internet on passe d'un groupe à l'autre sans cesse, et que l'on n'écoute plus un disque compulsivement pendant des années comme avant. Et moi je ne suis pas fan de Girls comme j'aurais pu l'être il y a quinze ans, à cause de ce zapping musical mais aussi à cause d'un jour d'avril 1994 où je me suis juré de ne plus être fan d'aucun autre groupe. Plus jamais. Album se contentera donc d'être un disque de passage sur ma platine, un passage qui sera juste un peu plus long que celui d'autres disques. Parce qu'Album est quand même un album sacrément addictif, avec son arrogance de l'adolescence ('Lust For Life', 'Summertime'), à la fois touchante et irritante (seulement le deuxième adjectif diront certains). Et parce que cet album est très varié, jamais monotone (y compris dans le chant tour à tour écorché ou langoureux sur la ballade 'Headache', grave ou strident): quand The xx creuse d'un bout à l'autre le sillon de la cold-wave lo-fi de Cure et Young Marble Giants, Girls traverse cinquante ans de l'histoire du rock. 'Laura' ou 'Darling' réveillent la britpop, 'Morning Light' pioche dans la noisy-pop et 'God Damned' dans le rock lo-fi. Parfois même les décennies se croisent, à l'image de 'Big Bad Mean Mother Fucker', soit les Cramps ou les Ramones qui feraient une reprise des Beach Boys (un peu à l'image de l'album End Of The Century des quatre chevelus). Pas fan donc, mais je garderais tout de même un attachement particulier à un groupe capable de composer des titres aussi fabuleux que 'Hellhole Ratrace' ou 'Summertime'.

erwan

 http://www.myspace.com/girls