Berline - [Boa Club]
Label : Elea Sortie : 03/06/09 Format : CD (bientôt?) / MP3 Disponible : Partout | Rarement un premier contact avec un disque aura été aussi difficile. Il faut dire que la pochette avec laquelle je l'ai reçu (qui n'est pas celle proposée sur les sites de téléchargement et que vous pouvez retrouver sur la gauche) n'est absolument pas engageante : sur un fond noir apparaissent, à gauche, un homme d'un certain âge au visage buriné, cigarette au bec et veste en cuir, à doite, une femme dont la robe noire et courte passerait facilement pour une nuisette... Au milieu, Berline, le nom du groupe et [Boa Club], un titre d'album qui évoque plus une réunion de fans des Manic Street Preachers que le bon goût !
C'est donc un peu inquiet que l'on met la galette dans le lecteur et qu'on appuie sur Play. Et c'est d'abord un peu la stupeur : c'est quoi cette version franco-beauf vulgaire de the Kills ? Là, bon nombre de lecteurs sont déjà partis voir ailleurs et ils ont tort car on va expliquer et nuancer cette opinion un peu à l'emporte-pièce. La comparaison avec the Kills est sans aucun doute facile mais difficilement évitable : un duo garçon-fille jouant à fond l'ambiguité sexuelle (plus la sexualité que l'ambiguité d'ailleurs...) sur une musique electro-rock, ça y fait penser quand même non ? Et le fait que Barbee et Alice Botté soient tous les deux des vieux routiers de la scène rock francaise ne peut que renforcer cette idée. Quant à cette impression de vulgarité, elle est due à quelques effets vraiment racoleurs (le côté très Depeche Mode de 'Ca me brûle' entre autres) et quelques textes au goût incertain ("avec mon sex-toy en plastoc que je confonds presque avec mon I-pod" dans 'Bling Bling' est le plus notable).
Mais on éprouve le besoin (un peu malsain, car le sexe attire ?) d'y goûter un peu plus et on découvre que le disque vaut bien mieux que la première impression qu'il a laissée. Car en fait ce qui frappe à la première écoute ne représente que quelques titres (tous placés au début) parmi d'autres bien plus variés. Comme si on s'était focalisé sur un aspect du duo en négligeant tout le reste. On peut d'ailleurs se demander s'il s'git d'un choix délibéré du duo, très second degré, qui se révèle franchement à double-tranchant : le risque d'attirer étant sérieusement contrebalancé par celui de repousser...
Ainsi les morceaux à la rythmique effrénée et aux guitares lourdes sont-ils finalement peu nombreux mais cachent une sensibilité personnelle et très intéressante qui s'exprime sans doute le mieux dans les morceaux les plus lents, qui peuvent prendre des sonorités bluesy, trip-hop, electro (là, c'est pas le meilleur) voire dream pop (le magnifique 'Mes chaussures rouges' de clôture). La plupart des textes sont bien plus fins que les quelques gimmicks qui sont pourtant la première chose que l'on entend et que l'on retient, faisant preuve d'une poésie assez rare dans la scène française. Et la sexualité crue très visible (devrais-je dire bling-bling ?) du début laisse place à une sensualité plus diffuse et au final beaucoup plus marquante.
Difficile donc d'être vraiment enthousiaste pour un album bourré de qualités mais aussi de passages totalement indigestes qui ne donnent pas envie d'y retourner trop souvent.
lyle
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