Dans le mur... du son !

Label : Sauvage Records

Sortie : 29/09/09

Format : CD

Disponible : par correspondance ou chez Ground Zero (Paris)

Comme l'a si bien dit Lyle lors de la review de la Release Party de cet album, nous aussi en France on peut faire un super-groupe, certes moins flamboyant sur le papier que Monsters of Folk, The Dead Weather ou le groupe sans nom avec Thom Yorke, Nigel Godrich et Flea (sic), mais au final nettement plus intéressant musicalement. Car The Limes est un super-groupe, du genre intercontinental même. Au commencement il y eut le français David Simonetta (Toy Fight) et l'américain Brent Ballantyne (alias Henry Sparrow) qui se rencontrèrent sur myspace et commencèrent à faire de la musique par correspondance. Puis le duo devint quintette avec l'adjonction de Mina Tindle et d'Orouni côté français et de John Hale, compatriote de Brent Ballantyne. Grâce à la magie d'internet, le groupe arrive à enregistrer des chansons sans se rencontrer: les français composent des titres qui sont envoyés en Caroline du Nord pour y être retravaillées et enregistrées par les américains et inversement. Mais comme la rencontre semblait inévitable pour aller plus loin, le groupe s'est retrouvé à Durham et à Paris pour enregistrer ce premier album distribué tout naturellement par le label Sauvage Records (qui s'occupe déjà de Mina Tindle et de (Please) Don’t Blame Mexico, side-project d'un autre Toy Fight, Maxime Chamoux).

Ok, maintenant que le décor est planté, qu'en est-il de cet album? On sait par habitude que les super-groupes très prometteurs sur le papier tiennent rarement leurs promesses sur disque: c'est loin d'être le cas ici. Car The Limes (l'album) réussit la prouesse de réunir les qualités de tous ses membres, tout en gardant une cohérence d'un bout à l'autre; le fait qu'il soit court y est bien sûr pour beaucoup (dix titres pour moins de 40 minutes). On a donc du rock en ouverture de programme ('The Snake'), de la perfection pop (l'enchaînement 'Left Hand Cycles' / 'Dead Furniture' est assez terrible) et de la douceur folk, avec Orouni qui revient vers le minimalisme de son premier album sur 'Morning, Noon & Night' ou Mina Tindle qui clôt le disque par un 'Between Roof & Bird' plein de délicatesse, dans la lignée de son 45T The Kingdom.

De plus The Limes nous emmènent en voyage, dans un périple à travers le temps sur plusieurs titres de l'album. Avec 'Beyond Blue', version 2.0 de la pop spectorienne, on se retrouve dans un studio dans les années 50, avec ses voix et ses choeurs masculins et féminins qui tour à tour se croisent, se répondent et se mêlent. Plus loin, on fait un bon en avant avec 'City Lights' et son clavier new-orderesque, qui nous envoie sur la piste de danse de l'Haçienda, au beau milieu des années 80. Mais avant cela il y avait 'Sao Francisco Waters', retour vers le futur dans les rues poussiéreuses du Far-West pour ce titre qui n'aurait pas fait tâche sur une bande originale de Sergio Leone. Enfin, le dépaysement est également total avec les six minutes de 'Big Top Head' et son ambiance de fête foraine ou de cirque qui nous transporte au milieu des Freaks de Tod Browning.

Bref, les Monsters of Folk peuvent trembler: on a trouvé en The Limes des Monsters of Lo-Fi Folk-Pop (je n'ai pas trouvé de formule plus courte!) qui seront de très sérieux concurrents en terme de qualité (à défaut de pouvoir rivaliser au niveau des ventes).

Erwan

http://www.betweenroofandbird.com
http://www.myspace.com/thelimesproject

PS : oui, la note est bien un neuf, un apprenti rédac'chef fatigué ayant fait une fausse manip'...