Lord Cut-Glass - Lord Cut-Glass
Label : Chemikal Underground Sortie : 22/06/09 Format : CD Disponible : Partout | Il n'y a sans doute rien de plus difficile que de devoir apprécier le premier album solo de quelqu'un dont on a été fan dans un groupe. Or les Delgados font sans doute partie des groupes les plus importants des années 1995-2005, capables de mélanger pop sucrée et recherches indés nées de Pavement. Et si le groupe s'était progressivement calmé après un Domestiques relativement foutraque et noisy, il n'avait jamais cessé de produire des albums d'indie pop à la fois accessibles et ambitieux. Alors, après qu'Emma Pollock nous ait apporté, il y a déjà deux ans, un petit bonbon extrêmement sucré à la limite de l'indigeste, on était très curieux de voir ce qu'Alun Woodward allait nous proposer.
Que penser d'abord de ce pseudonyme, Lord Cut-Glass, tiré d'un personnage de Dylan Thomas et de cette pochette guerrière prise à un tableau de Lady Elizabeth Butler ? Un désir d'excentricité que l'on retrouve dans le look du monsieur sur une photo à l'intérieur de la pochette ? Une certaine agressivité et dépréciation que l'on retrouve dans des titres comme 'Even Jesus Couldn't Love You' ou 'I'm A Great Example To The Dogs' ? Malheureusement, l'écoute de l'album infirme toutes les hypothèses que l'on a pu envisager.
Rien de guerrier ou d'agressif dans les onze titres, plutôt courts, que propose ce disque, si l'on oublie le côté un peu marche militaire ratée de 'Big Time Teddy'. On est juste ici face à de la pop indé légèrement décalée telle que l'affectionnent les groupes écossais ou gallois depuis des années. On pense au Super Fury Animals, à Teenage Fanclub, à Zabrinski, à Derrero et surtout au Gorky's Zygotic Mincy (autre groupe dont la séparation aura engendré des albums solos décevants). Il ne suffit pas de multiplier les instruments (violon, accordéon, trompette...) pour créer de la richesse musicale, d'autant que dans certains morceaux l'abondance devient pomposité ('Monster Face' ou 'Be Careful What You Wish For').
Alors, que le rythme soit enlevé ('Even Jesus Couldn't Love You') ou bien plus lent (l'ennuyeuse ballade 'Holy Fuck!'), souvent les deux dans la même chanson d'ailleurs, impossible de ne pas penser que la sauce ne prend pas. Il n'y a là ni l'énergie débordante des premiers Delgados, ni la maîtrise pop des derniers , juste un assemblage de bouts de mélodies liées par une instrumentation largement indigeste. Et si par moment une lueur venue du passé se fait jour ('I'm A Great Example To The Dogs' ou 'A Pulse'), elle est vite ensevelie sous des strates d'instruments balourds quand la simplicité aurait été de rigueur. Quant à la voix du monsieur, elle se révèle bien souvent, malgré son délicieux accent, un peu juste, faisant regretter qu'il n'y ait pas plus d'invités présents...
Alors voilà, si on peut se contenter d'un album sympa d'un artiste ordinaire, difficile de s'en satisfaire de la part de quelqu'un qu'on a connu autrement plus inspiré. Partant dans tous les sens pour n'arriver nulle part, espérons que ce Lord Cut-Glass ne fut qu'un aimable divertissement et qu'Alun Woodward nous proposera des choses autrement plus intéressantes dans le futur.
lyle
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15:04 | Lien permanent | Commentaires (5)
Commentaires
Ca calme.
Écrit par : KMS | 24/07/2009
Répondre à ce commentaireIl y a eu beaucoup de bonnes critiques de l'album, alors c'est peut-être juste moi qui en attendait trop...
Écrit par : lyle | 25/07/2009
Répondre à ce commentaireJe ne trouve pas cet album particulièrement mauvais (ni particulièrement bon). J'ai des réserves, bien sûr, cela dit j'en avais déjà pas mal sur Universal Audio, dont le côté sucré m'écoeure plus ou moins selon les jours...
Écrit par : Thomas | 25/07/2009
Répondre à ce commentaireIl faut dire que si les trois premiers album des Delgados sont impeccables, les deux dernier sont nettement plus discutables...
Les BBC sessions sont, elles (et c'est rare finalement) totalement indispensables !
Écrit par : lyle | 25/07/2009
Répondre à ce commentaireEn fait j'ai un peu de mal avec la voix d'Emma, pour ne rien te cacher.
Mais je suis d'accord pour les BBC.
Écrit par : Thomas | 25/07/2009
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