Nick Cave & the Bad Seeds - The First Born Is Dead / Kicking Against the Pricks
 Label : Mute Sortie : 19/05/09 Parutions originales : Juin 85 et Août 86 Format : CD + DVD Disponible : Partout 
| Le premier né est mort !... donnons tout pour le second ? C'est un peu la morale suggérée par le titre. Pour leur seconde sortie des Bad Seeds quasi inchangées creusent le sillon de leur premier opus (From Her to Eternity), revisitant donc à nouveau le blues-rock à la sauce post-punk. Plus dense, mieux maîtrisé, plus rock, mieux foutu, mieux produit… The Firstborn Is Dead est à peu près pareil tout en étant absolument différent - plaçant cette fois les chansons au coeur des débats.
Les premiers classiques affluent donc : 'Tupelo', blues rock caverneux tout à fait emblématique des travaux de Nick Cave, 'Knockin’on Joe', ballade déglinguée s’étalant sur sept minutes que n’aurait pas reniée (et ne reniera d’ailleurs pas !) Johnny Cash, le rugueux 'Wanted Man'... sans oublier l'exceptionnel 'Say Goodbye to the Little Girl', improbable rockabilly gothique servant de morceau de bravoure à un Barry Adamson ici à son sommet.
Ailleurs les ombres de Tom Waits et Scott Walker s’entrecroisent ('The Six Strings That Drew Blood'), et les rythmes se font pesants, sinistres, vrombissants, sur des compositions dont les seuls titres résonnent comme des avertissements : 'Black Crow King', 'Train Long Suffering'… on a globalement la sensation (assez juste, au demeurant) que l’univers de Nick Cave se décante au fur et à mesure que les musiques s’articulent en véritables chansons, et d’ailleurs pour la première fois depuis l'époque Boys Next Door (*) les paroles sont intelligibles du début à la fin. Et si les différences entre The Firstborn Is Dead et son prédécesseur ne sautent pas systématiquement aux oreilles, il en ressort une impression de cohérence et de maîtrise qu’on ne trouvait pas sur From Her to Eternity.
Cohérence que l'on sera tout étonné de retrouver sur Kicking Against the Pricks, album de reprises publié dans la foulée de celui-ci. Si l'exercice est généralement aussi risqué qu'anecdotique, il prend tout son sens replacé dans la discographie de Nick Cave - puisque figurant les prémices de l'aboutissement de son projet global. Projet qu'on pourrait qualifier sommairement de réconciliation entre l'ancestral et la modernité, le roots et la sophistication, se traduisant ici plus que nulle part ailleurs par la macération du folkore occidental (américain ou celte) dans un bain-marie de rock gothique parfaitement en phase avec son époque (quoique ne sonnant comme rien de ce qui se faisait en 1986).
On peut bien sûr se procurer l'objet pour le plaisir de goûter des reprises habitées et (pour certaines) exceptionnelles de 'The Long Black Veil', 'I'm Gonna Kill That Woman' ou 'Hey Joe'... mais l'exercice lasse rapidement, tandis qu'il n'a de cesse de captiver dès lors que l'on essaie de comprendre en quoi cet album (culte, ce qui est rare pour un disque de covers) était pertinent au moment où les Bad Seeds s'y sont livré (précisons-le comme s'il s'était agit d'un album à part entière du groupe, et non comme une vulgaire compile... ce qui de toute façon est évident à la première écoute tant l'ensemble apparaît travaillé). Ce n'est évidemment pas un hasard si c'est seulement trois mois plus tard que paraîtra Your Funeral... My Trial, premier grand chef-d'oeuvre du groupe. Leur tambouille parfaitement amalgamée sur les titres des autres, ils n'avaient plus qu'à l'appliquer à leurs propres chansons - nous en reparlerons sous peu.
Thomas
The First Born Is Dead
Kicking Against the Pricks
http://www.nickcaveandthebadseeds.com http://www.myspace.com/nickcaveandthebadseeds
(*) Premier groupe de Nick Cave et Mick Harvey, auteur d'un album totalement méconnu en 1979 : Door, Door |
21:19 | Lien permanent | Commentaires (0)
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