Dans le mur... du son !

Label : Gizeh Records

Sortie : 08/06/09

Format : CD

Disponible : Import

Certains groupes n'arrivent pas à convaincre alors qu'ils font exactement le genre de musique que l'on apprécie d'habitude. Une chanteuse à la voix cristalline, une musique naviguant quelque part entre slowcore et shoegaze, le duo constitué de Matt Brown et Anna-Lynne Williams sous le nom de Trespassers William devrait ainsi avoir tout pour me plaire et cependant rien de ce que j'avais pu entendre de leurs trois albums précédents ne m'avait incité à en savoir plus. La sortie sur l'excellent petit label anglais Gizeh Records de ce nouvel EP The Natural Order of Things arrivera-t-elle à me faire changer d'avis ?

Un rythme lent, une mélodie délicate et quelques nappes de guitare, c'est bien une recette dream pop qui est utilisée tout au long des cinq titres, mais une recette fort heureusement relevée par la voix hypnotique de Anna-Lynne Williams. Souvent à peine plus que susurrée, avec un phrasé détaché et cool, elle habite chacun des morceaux, tendant à occulter la musique pour accaparer toute l'attention. On pense alors aux regrettés Sundays ou à Mazzy Star, sans les mélodies inoubliables des uns ni le côté planant et torride des autres. Malgré tout l'intérêt éveillé par le chant, difficile de se passionner pour un ensemble semblant par trop éthéré, et pour tout dire un peu creux.

Et cependant, on y revient, incapable de croire que ce diamant vocal n'ait pas droit à un plus bel écrin. On se rend alors compte que les percussions de 'Sparrow' évoquent Stina Nordenstam. Que les synthés de 'The Lids' apportent une ambiance proche de Sigur Ros. Que 'Red' propose un sympathique petit côté trip-hop. Que, débarrassé de quelques effets sonores mal venus, 'Catch Not Break' aurait tout à fait eu sa place sur le premier album de Low. Que Trespassers William est un bon groupe d'artisan à qui il manque le petit je-ne-sais-quoi de personnalité qui en ferait un groupe de l'on chérit et qui nous touche profondément.

Inutile cependant de bouder son plaisir, à défaut d'apporter quelque chose de neuf, la musique de Trespassers William fait passer un bon moment, reposant, introspectif et légèrement mélancolique. Suffisant pour acheter un album ? Peut-être pas tant il y a des risques que cela devienne répétitif et lassant sur la longueur. Mais en tout cas suffisant pour donner l'envie d'aller les voir à la Java à Paris le 11 octobre (avec Glissando et heligoland) ou le 13 octobre à l'Emile Vache de Metz (avec Glissando).

lyle

http://www.myspace.com/trespasserswilliam