Dans le mur... du son !

Label : Rough Trade

Sortie : 23/06/09

Format : CD / LP

Disponible : Partout

De l’aide, oui, il en faudra à cette fille pour tenir tout l’album sans s’endormir.

A ce disque on reconnaîtra d’abord deux qualités. Stuart Murdoch s’est efforcé de proposer autre chose qu’un nouvel album de Belle & Sebastian qui ne dirait pas son nom. Et les chanteurs sont ma foi bien choisis, à commencer par Brittany Stallings qui pourrait donner des bouffées de chaleur rien qu’en déclamant le bottin. Au détour de certains titres on redeviendrait presque un ado qui couvre les murs de sa chambre des posters de sa chanteuse préférée (sauf qu’à l’époque mes chanteuses préférées étaient Madonna et Black Francis).

Annoncé à grand coup de teasing, ce disque projet (je n’ose pas écrire le mot qui débute par « con » et se termine par « cept ») a d’abord dévoilé quelques titres assortis de leur clip. Stratégie payante car je suis de ceux qui, séduits par 'Funny little frog', sont tombés dans le panneau. Car le reste du menu est sans aucun intérêt. Peu importe à vrai dire le choix de nous faire débuter dans les années 40 pour aboutir au tout début des 60s, la cohérence du propos est ce qui tient le mieux la route dans ce disque. Le défaut majeur est bien plus rédhibitoire : où sont les bons morceaux ?

On s’ennuie, on s’ennuie, et puis au bout du compte on s’emmerde.

A l’époque, l’enthousiasme envers Belle and Sebastian m’a toujours paru exagéré, mais le groupe avait un certain nombre de vraies mélodies développées avec charme. Ici on a le casting, mais sans morceaux dignes de ce nom le charme n’agit pas. Sur fond de sieste ou en voiture les vitres ouvertes, ce disque vous détendra sans que vous soyez frustrés de mal en profiter, ce qui est un peu court pour justifier un achat.

C’est le risque du concept-album (en l’occurrence, une comédie musicale), l’auteur a les yeux rivés sur le concept, et néglige la partie album.

arbobo

L'évolution musicale des albums de Belle & Sebastian a depuis longtemps montré deux choses : Stuart Murdoch a une passion pour la vieille pop et il est progressivement en train de remonter le temps, les influences 80's (Smiths, Pastels...) ayant progresivement laissé place aux influences 70's puis 60's. Pour ce projet de comédie musicale dont on ne sait encore quand (si?) elle verra le jour, il est allé encore plus loin dans le passé.

On me dira que ce n'est pas une mauvaise chose en soit et que cela sera sans doute cohérent avec le spectacle lui-même. Certes, mais c'est un album qui nous est proposé et le moins que l'on puisse dire est qu'il n'est guère convaincant. Les invités vocaux, connus ou inconnus, font honorablement mais sans passion leur travail, les arrangements sont très bien travaillés et le côté rétro est très (trop) mis en avant, sans doute pour provoquer une nostalgie d'une époque idéalisée car maintenant trop lointaine pour que quiconque (à part vos grands-parents) vous raconte comment elle était réellement. Mais ce qui manque, ce sont les bonnes chansons, défaut déjà présent sur les derniers Belle & Sebastian où la forme l'emportait de plus en plus sur le fond. Ainsi à l'écoute de la plupart des 14 (heureusement en général courts) titres on s'ennuie ferme, notant juste d'indéniables qualités plastiques totalement dépouvues d'âme.

Alors oui, ma note finale est dure, ce God Help The Girl n'étant pas réellement mauvais. Mais il est tellement mièvre, fade et oubliable que cela faisait fort longtemps que l'envie d'appuyer sur le bouton STOP ne m'etait venu aussi fréquemment à l'écoute d'un disque même pas sauvé par deux ou trois titres honorables. Après ça, on s'étonnera que certains préfèrent acheter juste quelques morceaux en téléchargement légal et on annoncera la mort des albums en temps que médium principal de l'écoute de musique...

lyle

Au milieu de tous ces albums nécessitant plusieurs écoutes pour être un tant soit peu maîtrisés et se prêter à l'exercice critique, les disques comme celui de God Help The Girl constituent véritablement un oasis de bonheur. Ils sont faciles d'accès, presqu'immédiats en fait, s'accordent merveilleusement d'une écoute distraite en faisant la vaisselle et peuvent même dans leus meilleurs moment égayer une de ces soirées d'été où il fait trop chaud et où l'on s'emmerde parce que les vacances c'est pour plus tard - en attendant on est coincé à Paris. Le revers de la médaille, c'est qu'il n'y a pas grand-chose à en dire. GHTG n'est ni un bon ni un mauvais album : c'est avant tout et presque uniquement une récréation au moins autant pour ses auteurs (Stuart "Belle & Sebastian" Murdoch en roue-libre plus une poignée de guests dont on jurerait qu'à l'image d'un Neil Hannon plus paresseux que jamais elles étaient déjà à moitié en vacances au moment de l'enregistrement) que pour ses auditeurs, récréation qui, bon an mal an, donne tout à la première écoute. Le mot "écoute" étant d'ailleurs un brin excessif : on prend un certain plaisir à l'entendre à l'occasion - rarement à l' "écouter" attentivement (auquel cas on ne voit d'ailleurs que des défauts, les orchestrations pompières en tête). L'ensemble étant une comédie musicale censée illustrer un film à paraître l'année prochaine, il est probable qu'il ne s'agisse cependant que d'une seule facette d'un projet dont on imagine qu'il excite déjà l'imaginaire des rédacteurs de Télérama. A voir en 2010, donc... même s'il est probable qu'on ait déjà totalement oublié cette entreprise d'ici-là.

Thomas

http://www.myspace.com/pleasegodhelpthegirl