Les boutiques sonores à la Péniche Cinéma le 5 juin 2009
Sur la terrasse on fume. En bas on regarde le ciel, la péniche n'ayant pas été entièrement recouverte. En tout cas de toute part on subit la proximité sonore du Cabaret sauvage. Mais sur cette péniche les spectateurs profiteront goulument du programme concocté par Les boutiques sonores.
En entrée, Garciaphone, entité solo du batteur de Gaspard Royant. Avec une guitare et des pédales il tient sa voix et son auditoire. On s'attend d'abord à un nouveau représentant de la scène folk française. Par convention on pourra dire que c'est du folk, mais beaucoup de ses chansons sont plutôt pop, et peuvent évoquer l'univers des Fishermen three, des Wave pictures, hormis quelques moments plus électroniques. Couvé du regard par ses comparses ainsi que par Arch Woodman au grand complet, Garciaphone nous offre aussi quelques jolis morceaux entièrement acoustiques, qui démontrent qu'il est prêt à faire autre chose qu'ouvrir la danse pour les autres.
En fin de soirée, c'est justement Gaspard Royant qui clôt la boucle. Sous l'étiquette folk on peut mettre un peu de tout. La musique de Gaspard a encore de la paille dans les cheveux quand retentissent les premiers riffs. En trio, il a trouvé la bonne formule pour impulser le rythme souvent country de ses morceaux, et l'énergie qu'il dispense allègrement.
Servi par un beau timbre et un sens certain de la scène, Gaspard brouille parfois les pistes. Comme dans une lecture en zigzag de l'album blanc des Beatles, on part à différents coins des sixties avec pour métronome un batteur qui a sniffé du Ringo Starr au petit déjeuner. Avec cette équipe, on peut parier que son tube 'Grow' ira sonner aux oreilles de pas mal de monde.
On aurait déjà passé une très bonne soirée avec ces gaillards là. Mais on aurait négligé l'essentiel.
Every man has your voice est pourtant un projet parmi d'autres. Jérémie tient aussi la guitare chez Arch Woodman. Christophe et lui ont d'abord tourné en quatuor sous le nom Idiolecte, avant de prendre cette nouvelle direction.
Quelle joie d'assister à de telles surprises. Car sans en faire des tonnes, le duo ajoute à des morceaux impeccables une présence bon enfant, un détachement qui crée la connivence sans verser dans le second degré. Ajoutez que ces deux garçons sont scandaleusement sympa, vous avez un bon point de départ. Sans doute les musiciens de talent sont-ils bons partout où ils passent. Jouer dans différents entités les libère probablement de la pression, mais aussi de l'obligation de se chercher, de faire des choix.
On pourra citer quantité d'influences, et faire défiler toute la généalogie de l'anti-folk, Moldy peaches en tête. Le tout n'est pas d'avoir bon goût, encore faut-il y puiser de bonnes chansons. Et quel que soit l'instrument qu'ils touchent, ces deux là savent lui faire dire des mots doux. De bout en bout on a le sourire accroché aux oreilles. Ils savent gratter, pousser un accord juste un peu plus longtemps, juste ce qu'il faut, et quand Christophe pousse un peu la voix elle prend des teintes qu'on veut réentendre. Pour la première fois, sur certains morceaux, je pourrais comparer des garçons à Cat Power. Que ce soit par les arpèges à l'andalouse ou par la basse d'un vieil harmonium, les sons se nouent autour de mélodies qu'on emporte avec soi. Tout est juste, dosé, et on oserait même croire que l'ombre des Pale fountains leur tapote amicalement l'épaule.
Chapeau et longue route. On attend avec impatience ce nouvel EP que vous nous annoncez chez Black shoes records pour la fin de l'année.
arbobo
http://www.myspace.com/garciaphone http://www.myspace.com/gaspardroyant
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