Jarvis Cocker au Bataclan le 4 juin 2009
... et soudain, ça m'a frappé : Jarvis Cocker a quelque chose de Kyle MacLachlan. Voilà pourquoi depuis toujours il me semble sympathique !
Mais soyons sérieux une seconde : y-a-t-il une seule personne présente l'autre soir au Bataclan qui n'ait pas passé un des plus agréables moments de cette saison ? Sans doute même les petites amies des vieux fans de Pulp, traînées sur place à contre-cœur sont-elles rentrées ravies. Probablement même que le plus farouche détracteur de Cocker, s'il avait fait le déplacement, serait reparti enchanté par sa soirée...
Le fait est que la séduction scénique de ce bon vieux Jarvis est sans limite, si tant est que l'on accepte d'emblée qu'un spectacle de l'auteur de 'Common People' sera plus qu'un concert - une performance. Certains arrivent avec des show rodés au rot de bière près. Cocker, lui, passe son temps à improviser, la plupart du temps en racontant n'importe quoi entre les morceaux, et en faisant n'importe quoi pendant. Au point qu'en sortant, on se promet de consacrer un de ces jours un article digne de ce nom à son don pour le mime et à son sens burlesque des plus chapliniens.
Aussi jeudi dernier a-t-il assuré son numéro habituel, quelque part entre Oscar Wilde et Mister Bean (ce qui on en conviendra ratisse large), sans qu'on ait jamais vraiment envie de le faire taire lors de ces interminables speeches, et presque sans qu'on ait envie de lui réclamer un titre de Pulp (ce à quoi il ne cédera pas, sans qu'on sache vraiment pourquoi d'ailleurs - ce n'est pas comme s'il était l'auteur de tous les titres de son ex-groupe). Accompagné d'un groupe carré et discret (il faut dire que Jarvis lui-même prend toute la place), il a pioché nonchalamment dans ses deux albums, baragouiné quelques trucs dans un français approximatif qu'il aura été le premier à déplorer et assuré en sautillant plus de deux heures de show (avec trois rappels en tout). Comme toutes les stars jouant à domicile (il vit à Paris depuis six ans) il en a fait beaucoup trop, et comme tous les publics de régionaux de l'étape on n'a pas eu l'idée de le lui reprocher. Il était question ce soir-là de générosité, de rencontres impromptues, de spontanéité. L'image la plus évidente pour définir Cocker est sans doute celle d'un type qui n'a ouvert des bières que pour les offrir aux gens du premier rang. Comme à chacun de ses concerts depuis la dissolution de son groupe, on n'était pas venu applaudir une pop-star, mais saluer un vieux pote qui faisait le show en ne manquant pas une seule occasion de nous faire participer - pour un peu on aurait pu confondre le Bataclan avec une salle communale. Certains artistes faussement humbles passent leur temps à remercier le public, voire à clamer qu'ils ne seraient rien sans lui. Jarvis Cocker, lui, préfère le faire sentir. Dire que c'est tout à son honneur serait en dessous de la vérité, tant ce genre d'attitude est devenue rare chez les artistes grand-public.
Thomas
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06:14 | Lien permanent | Commentaires (11)
Commentaires
Au mot près, me voilà d'accord avec ce que tu écris. J'étais aussi au Bataclan. Et à nouveau, j'ai été subjugué par le charme et la classe de Jarvis. Depuis une semaine, même, je n'arrive pas à décoller de mes oreilles l'intégralité de Further Complications. Mine de rien, sans rien demander à personne, Jarvis fait ses petites chansons et nous enchante. Que le Bataclan n'ait pas été comble, loin de là, ne paraît pas le déranger. L'humilité lui va bien. Et ces chorégraphies, bon sang ! ;-)
Hâte de voir maintenant le résultat de sa collaboration avec Wes Anderson sur le film d'animation inspiré de Roal Dahl que sortira celui-ci à Noël. Ces deux dandy-là étaient faits pour se rencontrer...
Écrit par : Ska | 09/06/2009
Répondre à ce commentaireAh bah merde alors ! Encore une preuve que, sur la blogosphère, on ne se concerte pas assez avant les concerts, j'aurais été ravi de t'offrir une bière.
Cela dit nous avons tout de même un point de désaccord à propos des chorés : moi je les trouve sympas, mais totalement plagiées sur mon style :-)
Tu me l'apprends, pour Wes Anderson. Et évidemment, de suite, tu me mets l'eau à la bouche (tentateur, va !)
Écrit par : Thomas | 09/06/2009
Répondre à ce commentairehttp://www.lesinrocks.com/musique/musique-article/article/jarvis-cocker-wes-anderson-et-le-maitre-renard/
Écrit par : Ska | 10/06/2009
Répondre à ce commentaireEt généreux, avec ça !
Merci Ska ^^
Écrit par : Thomas | 10/06/2009
Répondre à ce commentaireC'est marrant de constater qu'on a ressenti exactement la même chose pendant ce concert. Il a un don pour instaurer une proximité avec le public et reste très simple, malgré son excentricité. Il est en top de la liste des invités de mon dîner imaginaire idéal avec-des-artistes-qui-vivent-comme-nous, avec Ben Affleck et Jennifer Garner ;-)
Écrit par : Cissie | 11/06/2009
Répondre à ce commentaireDe là à dire que pour être un artiste-qui-vit-comme-nous il faut principalement être... has-been dans son pays d'origine, il n'y a bien sûr qu'un pas que nous ne franchirons pas (pas tout de suite) ^^
Écrit par : Thomas | 11/06/2009
Répondre à ce commentairesi l'inviter à dîner pouvait le convaincre d'arrêter de croire qu'li est acteur, je veux bien payer un coup à affleck ^^
mais je préfèrerais la compagnie de cocker :o)
Écrit par : arbobo | 11/06/2009
Répondre à ce commentaireC'est bien, partagez-vous le boulot, Jenny restera sagement avec moi...
Écrit par : Thomas | 11/06/2009
Répondre à ce commentaireBizarre quand même cet Arbobo qui préfère à nous autres la compagnie d'un cocker...
Écrit par : Ska | 12/06/2009
Répondre à ce commentaireavec un peu de chance, avec le chienchien, tu attires la fifille ;-p
Écrit par : arbobo | 12/06/2009
Répondre à ce commentaireMoui... la fifille attirée par le chienchien (ou mimi toutou), j'avoue que je sais pas, ça me tente pas trop ^^
Écrit par : Thomas | 13/06/2009
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