Dans le mur... du son !

Label : 4AD

Sortie : 05/05/09

Format : CD / LP

Disponible : Partout

Il y a deux ans, Annie Clark, une jeune femme de 25 ans que l'on avait déjà croisée chez The Polyphonic Spree ou aux côtés de Sufjan Stevens, se lançait en solo sous le nom de St. Vincent et nous offrait avec Marry Me l'un des meilleurs albums de l'année, habile mélange de pop et de rock avec des influences jazz. Se consacrant désormais totalement à ce nouveau projet, la multi-instrumentiste américaine revient cette année avec son deuxième disque Actor, et on se demandait bien comment elle allait passer ce cap du fameux difficile deuxième album.

Malheureusement, le suspense sera de courte durée : on est fixé dès le premier titre 'The Strangers', l'un des plus beaux titres entendus cette année. Intro disneylandesque (influence revendiquée pour ce disque) avec les vents puis arrivée de la sorcière au son de la grosse guitare électrique: "Paint the black hole blacker", l'album s'annonce plus noir, plus contrasté, plus riche et plus rythmique surtout que son prédécesseur. En effet, ce qui frappe (dans les deux sens du terme) d'entrée sur Actor, c'est la puissance de la section rythmique et de la batterie surtout, mixée très en avant ici alors que Marry Me était un album beaucoup plus mélodique. C'est le cas sur 'Save Me From What I Want' et sur 'The Neighbors', titre assez incroyable où l'on a l'impression que la piste rythmique a été faite pour un autre morceau : Annie lutte contre avec sa douce voix, ce qui donne un résultat très surprenant, perturbant même sur les premières écoutes.

Côté noirceur, le single 'Actor Out Of Work' se pose là, une sacrée claque qui pourrait servir de bande originale à la crise ou à la grève des scénaristes. Alors que 'Black Rainbow' commence comme le premier titre par des vents (la Sufjan touch), le rythme s'accélère à la moitié de la chanson, la voix se fait plus grave, la guitare électrique monte en puissance et les violons qui essayent de suivre meurent sur la fin, avant de ressusciter doucement sur le morceau suivant, 'Laughing With A Mouth Of Blood'. Noiceur et contraste sur 'Marrow' également, titre atypique avec un couplet en opposition totale au refrain très agressif avec les "H-E-L-P HELP ME" répétés par Annie Clark dans un micro à effet (un processus qu'elle utilise souvent pour faire des auto-choeurs sur les refrains).

Dans le dernier tiers du disque, l'ambiance s'adoucit un peu, et l'on retrouve les influences jazzy déjà présentes sur le premier album. 'The Bed' calme le jeu, de même que 'The Party' (avec toujours la batterie en avant), ainsi que 'Just The Same But Brand New' qui se termine néanmoins dans une explosion de batterie. Une respiration bienvenue à la fin de ce disque sans doute moins accessible, moins facile que Marry Me mais aussi sûrement bien plus solide sur la longueur, les écoutes prolongées devraient nous le démontrer.

Erwan

http://www.myspace.com/stvincent