Jason Lytle - Yours Truly, the Commuter
Label : Anti Sortie : 18/05/09 Format : CD / LP Disponible : Partout | Cela ressemble à une petite récréation, un de ces moments dans une carrière où l'artiste laisse de côté ses ambitions habituelles. Il privilégie alors le plaisir des chansons, il se fait accessible, à la limite du primesautier. Pourtant avec Grandaddy, Jason Lytle était déjà assez accessible, sans renoncer à l'ambition. Plus en puissance aussi. L'exercice solo se prête plus au "songwriting", il invite à d'autres comparaisons que Grandaddy, qui dans l'ensemble fut plutôt un groupe de rock. Ici, bonjour les cordes, utilisées avec une certaine paresse mais non sans élégance. Bonjour les petits effets de style, comme certains interludes entre les morceaux, pas désagréables mais un peu vains. Non pas qu'on s'ennuie, loin de là, mais pour peu qu'on compare avec les albums de son groupe, on se dit que le bonhomme a bien plus que ça dans les mains. C'est encore dans un registre plus resserré, dans les passages les plus basiques, qu'on est le plus séduit, comme lorsque 'Rollin' home alone' délaisse les cordes et met en avant la guitare et la voix. Une petite bouffée de Beatles s'échappe alors pour nous rosir les joues. Il y a de beaux moments sur ce disque.
Les disques de Grandaddy couvraient un spectre assez large, mais avaient une identité ferme. Le folk de 'You're too gone', en revanche, est très réussi mais sans se démarquer d'une production pléthorique. Sa voix sussurée, son ambiance cotonneuse, n'atteignent pas les sommets de son cadet Bon Iver ou du prometteur Orouni. Il faut dire que les chemins de traverse qu'il empruntait hier sont assaillis maintenant de randonneurs talentueux. Prendre un nouveau départ n'est pas facile, et l'on sait que l'arrêt de Grandaddy tenait plus du renoncement douloureux que du choix programmé. C'est cette convalescence que l'on entend. Si tous les convalescents pouvaient tenir une forme pareille...
Arbobo
Alors que disparaissait il y a trois ans Grandaddy, soit l'un des meilleurs groupes de la scène indé US, on parlait déjà d'une carrière solo pour son leader Jason Lytle. Et on l'attendait, avec une impatience mêlée à la crainte de ne plus retrouver la magie du groupe de Modesto. Là voilà la première étape, et le premier titre Yours Truly, the Commuter nous rassure : cette guitare électrique, ce clavier, cette voix éthérée, il est de retour, Grandaddy est de retour oserait-on dire (parce que vous connaissez les noms des autres ex-membres du groupe? moi non plus).
"Last thing I heard I was left for dead Well I could give two shits about what they said I may be limping, but I'm coming home"
Les tubes en puissance sont toujours là, avec de magnifiques guitares acoustiques ('Birds Encouraged Him') et ces beats électro caractéristiques ('Brand New Sun'); les beaux titres mélancoliques au piano répondent aussi présent ('I Am Lost (And the Moment Cannot Last)', 'Flying Thru Canyons'). Même le morceau de rock brutal avec lyrics idiots est au rendez-vous ('It's the Weekend', vous avez l'idée générale de la chanson rien que dans le titre!). Mais tout est parfait alors, me demanderez-vous? Hélas non. Car si on peut oublier un 'Fürget It' joliment chiant en milieu d'album, on peut difficilement passer sur l'effet de redite que l'on ressent irrémédiablement sur la fin de l'album: 'Rollin' Home Alone' et 'You're Too Gone' reprend les mêmes ambiances à base de guitares acoustiques, et le dernier titre 'Here For Good' ressort le piano tristounet. Au final, le bilan reste plutôt bon et répond à nos attentes, car personne n'attendait de la part de Jason Lytle un album de la trempe de The Sophtware Slump (malgré le clin d'oeil de la pochette!).
Erwan
Peut-on exister après un groupe comme Grandaddy ? Pour être plus précis, peut-on vivre dans l’ombre de son glorieux passé ? Si l’histoire de la musique présente pléthore d’exemples et leurs contraires, Jason Lytle se pose parmi les exceptions de ceux qui étaient l’essence même du groupe. Tel un David Berman. Tel un Anton Newcombe. Tel un E. Jason Lytle doit désormais s’extirper de cette confortable assise, pour exister.
Pourtant, si l’on parle encore et toujours de Grandaddy, c’est bien parce que Lytle ne s’en est pas tant éloigné que ça. L’on aimerait s’évertuer à faire les éloges d’un 'Ghost Of My Old Dog', s’extasier à en bégayer ses adjectifs devant la qualité d’un 'Rollin' Home Alone'. Ce ne sera pas le cas. Lytle apporte lui-même les clefs de comparaison, se décollant à peine de ses anciennes adorations.
Your Truly, The Commuter chante comme une continuité logique d’un ancien temps, qui, par cette ultime pirouette, sonne presque comme l’achèvement final de Grandaddy. Lytle use ainsi de cet album comme entre-deux, subduction métaphorique d’une carrière qui est désormais prête à se lancer. Par cette dernière embrassade en forme de plaisante ballade, Jason Lytle fait ses adieux à Grandaddy de la plus belle des manières. En construisant par-delà sa propre épopée
Kris
Pourquoi acheter un album de Jason Lytle en 2009 ? Cela fait presque dix ans maintenant que son ancien groupe a sorti son dernier album indispensable avant de produire des disques de moins en moins intéressants dont la seule critique possible était "ça ressemble à du Grandaddy mais en moins bien". Or par bien des aspects, Grandaddy était Jason Lytle. Certes Jim Fairchild apportait un petit côté indie rock ricain traditionnel (que l'on retrouve dans son projet actuel All Smiles) mais ce petit filet de voix, cette utilisation des nappes de synthés, ces mélodies... c'était Grandaddy, c'était Jason Lytle. Et il suffit de l'avoir vu invectiver les autres membres du groupe sur scène pour comprendre. Or l'inspiration semblait s'être tarie, ce qui fait que les attentes étaient faibles pour ce premier album solo.
Les deux premières impressions à l'écoute de cet album furent : c'est étonnamment pas mal et ça ressemble quand même beaucoup à du Grandaddy. Bah oui, le monsieur n'a perdu ni son sens de la mélodie, ni sa façon si particulière de chanter alors forcément ça ressemble à du Grandaddy. Mais en se familiarisant progressivement avec l'album, on se rend compte que ces ressemblances sont essentiellement superficielles. Il y a là une simplicité dans les compositions et les effets, un côté lent et planant, légèrement mélancolique sans sombrer dans le pathos, que l'on ne trouvait pas avant. Le disque d'un homme enfin apaisé et en pleine maîtrise de son écriture maintenant qu'il n'a plus à tenir compte des autres membres. Un disque qui tient, et sans aucune nostalgie, la route comparé aux chanteurs hype du moment.
Pourquoi acheter un album de Jason Lytle en 2009 ? Parce qu'il est bon et révèle toutes ses saveurs progressivement.
lyle
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06:46 | Lien permanent | Commentaires (8)
Commentaires
Vous êtes tous d'accord en fait.
Écrit par : KMS | 04/06/2009
Répondre à ce commentaireDe 6 à 8/10... pas tout à fait quand même...
Écrit par : lyle | 04/06/2009
Répondre à ce commentaireOn va dire qu'on est d'accord mais avec des nuances.
Écrit par : Kris | 04/06/2009
Répondre à ce commentaireeffectivement on fait à peu près la même analyse je trouve, ensuite on aime plus ou moins :-)
mais ça, on ne le savait pas à l'avance
Écrit par : arbobo | 04/06/2009
Répondre à ce commentaireMoi, je ne suis pas d'accord. Malheureusement je n'ai pas encore pu écouter l'album !
Écrit par : Coolbeans | 05/06/2009
Répondre à ce commentaireComment peux-tu ne pas être d'accord alors ?
Ceci dit, je suis en désaccord total avec "Sa voix sussurée, son ambiance cotonneuse, n'atteignent pas les sommets de son cadet Bon Iver". C'est très nettement meilleur que le surcôté Bon Iver...
Écrit par : lyle | 05/06/2009
Répondre à ce commentaireJe suis d'accord (surtout avec le commentaire précédent)
Écrit par : Thomas | 06/06/2009
Répondre à ce commentaireOn monte un club ?
Écrit par : lyle | 06/06/2009
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