Dans le mur... du son !

Alors que la veille Beirut jouait au Bataclan à guichets fermés (les places sont parties en un rien de temps), ce soir au Café de la Danse (petite salle) il reste des places pour assister au concert de l'un des groupes les plus talentueux de la scène indé américaine, Shearwater. Ceux qui avaient eu la bonne idée d'y être ne doivent pas le regretter.

Quand la première partie entre sur scène d'ailleurs, la salle est loin d'être pleine, il est vrai qu'il n'est alors que 19h30. Première partie assurée par Hospital Ships. On pense à un groupe mais en fait c'est un homme seul qui se cache derrière ce nom. Un homme plutôt occupé, puisque Jordan Geiger est également membre de Shearwater et chanteur de Minus Story. Seul à la guitare électrique, il est aidé sur quelques titres d'un melodica qui vient du balcon (?!) ou de Kimberly de Shearwater au xylophone. Pas forcément évident d'ouvrir la soirée, devant un public qui ne vient pas pour vous, mais le garçon s'en sort plutôt pas mal, le public écoute sagement et applaudit poliment. Je retiens particulièrement le moment où il joue 'Battle of our lives' de Minus Story.

Place ensuite à DM Stith, beaucoup plus attendu que Hospital Ships si l'on en croit les applaudissements quand il monte sur scène. Entouré d'un guitariste, d'un batteur et de deux jeunes femmes aux cordes, Daniel passe lui de la guitare acoustique au clavier pour interpréter les titres issus de ses deux premiers disques, l'Ep Curtain Speech et l'album (absolument merveilleux) Heavy Ghost. Ou réinterpréter devrait-on dire, tant les morceaux sonnent différemment sur scène. D'une complexité absolue sur disque (notamment au niveaux des choeurs ou des cordes), les chansons de DM Stith sont présentées ici de façon beaucoup moins habillées. Mais le charme opère tout de même, avec la douce voix de Daniel notamment, et des titres aussi beaux que 'Around the Lion Legs' ou 'Braid of Voices' qui gardent toute leur beautée mélodique dans leur nouvelle forme. Le public apprécie et les membres de Shearwater également, Thor et Jordan assis au premier rang et Jonathan en coulisses. Après un set court, vraiment trop court, DM Stith a le droit de revenir pour un rappel d'un seul titre, 'Abraham's Song'.

A peine remis de toutes ces belles choses que voilà le grand moment tant attendu qui arrive: Shearwater entre en scène, le public quitte les gradins et se masse dans la fosse. Et on découvre alors en live un groupe sûr de lui, au sommet de son art, à l'image de leur dernier album, le chef-d'oeuvre Rook. Un groupe qui sait varier les ambiances, entre superbes titres calmes avec le chanteur Jonathan Meiburg au clavier, morceaux folk/rock où il tient le banjo et tubes rock imparables toutes guitares électriques dehors ('Seventy-Four, Seventy-Five', 'Rooks', 'Century Eyes', tous acceuillis avec bonheur par le public). Les autres ne sont pas en reste : melodica, flûte, xylophone, appeau, violoncelle électrique, les instruments les plus divers et exotiques changent de mains sans cesse d'un morceau à l'autre.

Comme tout bon groupe de scène, Shearwater sait transcender ses chansons en live, en amenant un peu de folie et de larsen sur les fins de titres. Et surtout il faut voir le visage halluciné de Jonathan, les yeux écarquillés, quand il hurle dans le micro: impressionnant. Après deux titres inédits (on apprend d'ailleurs avec plaisir que le groupe enregistre en ce moment le successeur de Rook), deux rappels (le premier terminé par le magnifique 'Home Life', le second constitué d'une longue reprise d'un titre de Pink Floyd), les texans quittent la scène (trop tôt!) sur une prestation dont je me souviendrai encore quelque temps!

Erwan

http://www.myspace.com/hospitalships

http://www.myspace.com/dmstith

http://www.myspace.com/shearwater