Marissa Nadler le 10 mai au Parlement de Bretagne et le 11 mai au Nouveau Casino
Portique de sécurité, détecteur de métaux : non on n'est pas à l'aéroport ce soir mais au Parlement de Bretagne, haut lieu de l'histoire bretonne, qui a droit à une protection encore plus rapprochée depuis l'incendie de 1994. On croise dans les couloirs Marissa Nadler, en train d'installer le stand merchandising, avant de découvrir la salle où aura lieu le concert. Quelques minutes d'attentes avant la première partie qui permettent d'admirer la Grand Chambre, avec parquet, dorures, tapisseries, chandeliers, peintures murales et fresque au plafond. Un voyage 500 ans en arrière.
Première partie assurée par The Missing Season, qui joue à domicile, et dont je connaissais un peu l'univers par le biais de White Sails, le projet solo d'un membre du groupe. Nicolas et Marin commencent tous les deux sur les premiers titres, l'un à la guitare et l'autre au banjo, avant d'être rejoints par un bassiste et un batteur (Kevin et Pierre). On passe alors d'un folk assez calme à un folk/rock plus musclé, avec des influences qui, dans les deux cas, penchent sérieusement de l'autre côté de l'Atlantique. Une première partie plutôt sympa, même s'ils leur manque peut-être un son qui leur est propre. Je retiendrai quand même une chouette reprise guitare sèche/banjo avec intro a capella de 'There is a light that never goes out' des Smiths et également la blague de la soirée : "On va faire une ballade. Ne sortez pas les briquets, il y a des antécédents ici!"
Une fois réglées (avec un peu de difficulté) ses pédales d'effet, Marissa Nadler entre enfin en scène, seule à la guitare dans un premier temps. Avec 'Diamond Heart' pour débuter. Et ce qui devait arriver arriva : dès que sa voix atteint le micro, des frissons me parcourent tout le corps. Quelle voix envoûtante! Et quelle présence hypnotique! Parfois on ne voit qu'elle, les yeux dans le vague on en oublie presque la musique et il faut cligner plusieurs fois des yeux pour se reprendre (à moins que ce ne soit ce qu'on appelle l'amour!). Le deuxième titre terminé, Marissa casse une corde et le guitariste Carter Tanton vient en catastrophe interpréter un titre seul à la guitare.
Puis le reste du groupe les rejoint, et les morceaux deviennent un peu plus rythmés forcément. Les titres de ses trois premiers albums sont donc revisités à la sauce du dernier album, Little Hells, qui marquait une petite évolution dans le son de Marissa Nadler. C'est alors un peu moins fascinant par rapport aux deux premiers titres, surtout quand la section rythmique est mise un peu trop en avant (notamment sur 'River of Dirt', seule chanson du rappel). Restent la présence de Marissa, ses mouvements assez bizarres avec son bras gauche quand le droit gratte les cordes, son ombre qui se balade sur les murs de la salle étroite. A (re)voir.
Erwan
http://www.myspace.com/missingseason http://www.myspace.com/songsoftheend
Y-a-t-il un moment où on on trop vu un artiste ? Où le souvenir des bons moments passés "ensemble" gâche un peu le nouveau rendez-vous ? Dans le cas présent, Marissa Nadler arrivera-t-elle à faire oublier la candeur de son premier passage aux Mains d'Oeuvres ? Le stress évident mais bénéfique des premières parties à la Maroquinerie ? la sérénité quasi-mystique d'un soir de concert privé au presbytère de St Eustache ? La tentative de se renouveler en enregistrant Little Hells son quatrième album avec un "groupe" est pleinement réussie sur disque mais passera-t-elle l'épreuve de la scène ?
Faut-il d'abord rendre compte d'une première partie qui vous a laissé froid ? Volontairement en retard, ayant déjà vu et peu goûté la performance scénique de Peter Broderick, il ne m'est pourtant pas possible d'éviter son set. Au mieux des ballades gentillettes, au pire des boucles où il enregistre progressivement nouveaux instruments et chant. L'exercice est difficile et s'il peut être brillant comme avec SJ Esau, là, il est juste profondément ennuyeux. Mais le pire restait à venir ! Du trip-hop tentant de cacher l'absence de mélodie par toutes sortes de bruit avec des cris d'une agitée qui confond jeu de scène et déhanchement hystérico-saccadé... Lisa Papineau restera sans doute une de mes pires expériences de concert ! Question : une harpie en top moulant est-elle un argument de vente suffisant ? Pas pour moi en tout cas...
Seule dans une robe blanche et maquillée d'étoiles, Marissa Nadler reprend l'histoire où elle l'avait laissée les dernières fois avec certains de ses "classiques", délicatement interprétés à la guitare sur cette voix d'une pureté froide à tomber. Ainsi au solide 'Diamond Heart' qui met (enfin) la soirée sur de bons rails, succèdent l'inséparable duo 'Salutations in the dark' et 'Summer of love is over' (seulement disponibles sur l'album de rarities Ivy and the Clovers) puis une version particulièrement poignante de 'Fifty Five Falls'. Cette présence magnétique, cette voix qui vous charme les oreilles et vous prend aux tripes...
Arrive alors le groupe et c'est la stupéfaction : 'The hole is wide' devient un véritable morceau de rock avec solos de guitare et tout et tout ! Même si la suite redeviendra plus calme, il faut bien reconnaître que ces réorchestrations plus bruyantes perturbent un peu au début, le chant étant un peu noyé au milieu des instruments. C'est d'ailleurs dans les morceaux où ils savent se faire plus discrets et accompagner doucement les riches mélodies de nouvelles saveurs que l'on retrouve le plus le charme des morceaux. On rentre alors dans des ambiances qui ne sont pas sans rappeler les Cocteau Twins ou Lush et les effets de guitare sur une voix utilisant beaucoup moins le reverb qu'autrefois donnent à 'Ghost of lovers' une tonalité ethérée particulièrement réussie.
C'est donc déjà un nouveau rendez-vous réussi bien que (parce que ?) différent lorsque reviennent des morceaux plus acoustiques d'abord avec son guitariste puis seule. Un rappel commençant par un mélancolique 'Sylvia' et se terminant sur un très excité 'River of Dirt' finit de me convaincre encore une fois que nous avons affaire à une artiste majeure. Alors pourquoi alors qu'on lui promettait il y a quelques mois le succès d'une Alela Diane et que la presse s'est largement emparée de l'album (critique dans Metro le matin même), le Nouveau Casino n'est-il pas plein et se videra progressivement d'un certain nombre d'unités ? Sans doute parce que, au lieu de nous proposer une jolie musique, la dame déballe son âme avec ses côtés sombres et chaque fois de nouveaux éclats. Sans doute pour cela que chaque rendez-vous en devient spécial...
lyle
http://www.myspace.com/peterbroderick |
06:33 | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
Super pertinent ce double live report ; ça démontre bien l'intérêt d'un projet comme Danslemurduson. J'écoute pas mal "Little hell" en ce moment et j'aurais vraiment aimé assisté à l'une de ces deux prestations.
Écrit par : Benjamin F | 19/05/2009
Répondre à ce commentaireVos comptes rendus m'ont donné encore plus envie de voir Marissa sur scène. Chose faite mardi dernier à Lyon où nous avons eu droit à une set-list similaire à quelques titres près. Quel bonheur cette soirée en tout cas !
Écrit par : J-P. | 21/05/2009
Répondre à ce commentaireJe ne l'avais jamais vue, et le 20 mai elle est venue jouer près de chez moi in Lausanne, Swizerland.
Je ne la connaissais alors pas très bien Marissa, j'avais son dernier album mais pas ceux d'avant et ce dernier album je l'aimais bien mais n'arrivais pas à me libérer complétemet à son écoute.
Et ce fut une grande baffe, une révélation, fabuleux et comme tu le dit la sensation d'avoir en face de soi une artiste majeure. De l'amour aussi sans doute.
Et cet album quand je le réécoute, je la vois et c'est magnifique
Écrit par : Le Mik | 28/05/2009
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