Dans le mur... du son !

Label : Rough Trade

Sortie : 07/04/09

Format : CD / LP

Disponible : Partout

C'est une évidence, The Veils, ça n'est rien d'autre que la voix de Finn Andrews et quelques instruments pour l'accompagner. Une voix pas forcément spectaculaire ni virtuose, d'ailleurs. Mais une voix omniprésente, centrale, pour laquelle la musique du groupe doit être un écrin. Un instrumental de The Veils, c'est inenvisageable, impossible, ça n'aurait pas de sens.

L'histoire du groupe en est la démonstration parfaite : pour enregistrer son premier album en 2001 le jeune Neo-Zélandais néo-londonien (oui le concept est ardu) s'entoura de musiciens anglais qu'il vira dès qu'il fût évident qu'ils n'étaient pas d'accord sur les choix artistiques du patron. Et le patron s'en retourna en Nouvelle-Zélande faire son marché de musiciens, revenant avec un clavier et une bassiste dans la besace. Deux musiciens supplémentaires recrutés à Londres et c'était reparti mon coco pour l'enregistrement d'un deuxième puis de ce troisième album. Aucune hésitation donc, Finn Andrews est The Veils, c'est entendu.

Et effectivement on entend 'Sun Gangs' mais on écoute la voix de Finn Andrews. Les musiciens, eux, suivent.

N'allez pas croire que leur travail est inintéressant. Ne me faites pas écrire ce que je n'écris pas. On est même autorisé à penser que sans cette musique qui la met en valeur, cette voix ne serait peut-être pas aussi troublante. C'est juste que la musique et la voix semblent ici entretenir des rapports troubles sur le mode soumission/domination.

Les alternances de climat en sont symptomatiques. Des ballades au piano où la voix d'Andrews se love dans une orchestration acoustique côtoient sur l'album des pièces plus urgentes à forte teneur en guitares électriques orageuses (dont une petite merveille cyclothymique de plus de huit minutes). Mais c'est la voix qui, semble-t-il, impose toujours ses diktats.

C'est ici-même, en fait, que réside la grande qualité de cet album. La variété des ambiances permet à Finn Andrews d'exploiter intelligemment ses capacités vocales. Au détour de telle ou telle inflexion, Sun Gangs évoquera successivement au fan de pop les ballades vespérales de Suede, les électrocutions messianiques de Lift To Experience, le romantisme doux-amer de Bill Pritchard ou l'urgence froide d'Interpol. Et d'autres certainement au fur et à mesure des écoutes et en fonction des accointances culturelles de chaque auditeur. Mais jamais Andrews et ses compères n'oublient d'écrire de vraies chansons avec de vrais morceaux de belles mélodies dedans. Et l'ensemble ne ressemble à aucun moment à un catalogue d'exercices de style vocaux car l'ensemble demeure musicalement très cohérent. Car il y a bel et bien un point commun à tous ces morceaux : l'intensité. C'est même la définition que l'on pourrait donner de cette musique si l'on cherchait véritablement à la cataloguer : du rock tendre et rêveur, électrique et violent ou nerveux et froid mais constamment intense.

Le troisième album de The Veils, sans être encore le chef d'oeuvre dont on sent le groupe capable, mérite donc qu'on y jette une oreille (malgré une pochette absolument hideuse) et qu'on y revienne régulièrement. Car il y a là de quoi satisfaire les mélomanes aux appétences les plus variées.

Coolbeans

 http://www.myspace.com/theveils